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Nathan pas demain

absence

13 Août 2013 , Rédigé par JP Publié dans #états d'âme

Les deux dernières journées ont été relativement neutres, ni particulièrement agréables, ni particulièrement atroces. Journées traversées comme un funambule, en équilibre précaire sur la ligne entre l'envie de se recroqueviller et l'envie de fermer les yeux et oublier.

En revanche, rester sur le fil, rester actif laisse l'esprit tourner à plein régime. Les pensées, les souvenirs et les sensations s'agitent, fusent, se cognent comme des insectes furieux ans une lampe. Hier en particulier, ce qui m'a le plus frappé et préoccupé a été l'absence. Le silence aussi, c’est-à-dire, un le silence lié à une absence de certains sons, pas forcément puissants en eux-mêmes, mais dont l'absence est assourdissante.

Il faut dire que Nathan était très souvent à l'initiative des discussions, aimait raconter des blagues, aimait parler de tout et de rien. Il était capable de nous organiser des quizz impromptus, aussi bien sur les capitales d'Europe que sur les noms de joueurs de foot finissant par un A. Il pouvait nous raconter la dernière vidéo trouvée sur Youtube ou même en inventer une. Les repas à 4 finissait très souvent sur de petites discussions ou taquineries et Nathan en était souvent au centre. Durant les repas il fallait même lui ordonner d'arrêter de parler, de mâcher, de manger … notre boulot de parents quoi.

Puis dans la journée il y avait tous ces petits bruits insignifiants comme la musique de démarrage de la Wii, le bruit du ballon sur les murs ou le portail, les escarmouches entre frère et sœur, le léger bruissement des pages de BD, les petits bruits des jouets qu'il bougeait sur le sol de sa chambre…

Les trajets en voiture, était rythmés par des remarques, des discussions, bien sûr quelques râleries et jérémiades. Nathan avait toujours un sujet de discussion en tête ou une demande.

Je ne parle même pas des cris de joie ou des rires à gorge déployée, du "Papa" qu'il disait quand il venait à ma rencontre en rentrant du travail…

Tous ces bruits et sons auxquels on avait prêté attention ou pas, qui nous entouraient et nous enveloppait avec bienveillance, toutes ces discussions qui faisaient partie du décor, qu'on ne pouvait pas, ne serait-ce qu'un instant, imaginer perdre, tous ces mots d'amour et de tendresse, que eux on savait fragiles et éphémères, l'ado pointant le bout de son nez … tout ça c'était ces petites mélodies du bonheur, d'un bonheur qu'on ne faisait que deviner, qu'on a pas su apprécier à sa juste valeur au moment où on le tenait, au moment où il était là, parmi nous.

On cherchait ailleurs, plus loin, plus tard, un bonheur qu'on voulait construire. Beaucoup de ces sons se sont évanouis, emportant avec eux leurs petits bouts de joie et de plaisir.

Le silence relatif nous rappelle avec une grimace muette l'absence et un certain bonheur qui ne reviendra plus.

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