Déménagements

Samedi 3 Août

Nous sommes entrés dans une nouvelle phase, ou en tout cas nous sommes dans une nouvelle configuration. Jusqu'ici, on peut dire que nous étions dans une phase de préparation d'un projet, à la base, immobilier, mais aussi par conséquence, un projet de vie. Naturellement, nous avions souhaité changer pour agrandir, améliorer le nid dans lequel on devait élever nos petits, leur permettre de bien vivre.

Ce projet était taillé pour quatre, même si après, les petits grandissent et quittent ce nid, ce qui est dans l'ordre des choses. Il était taillé pour quatre, mais il nous a emmené sur des chemins tortueux qui ont fait que pour se concrétiser, cela a mis un certain temps, près de 2 années.

Ces 2 années furent à la fois une phase de recherche, de réflexions, d'espoirs, de déceptions. Rien de plus normal quand on cherche à échafauder quelque chose.

Pendant cette période, on a donc mis de côté certains aspects de la vie en famille, et utilisé plus que de raison « on fera ça quand ça sera prêt, quand on sera dans le chez nous rêvé, quand tout sera réglé .. ». Pendant cette période, plein de choses ont été négligées. Oh, pas l'essentiel, pas le nécessaire, mais dirons nous, le superflu le futile a souvent été relégué au second rang. On verra plus tard ... plus tard .. plus tard.

Nous étions tendus vers le but d'avoir cette maison où chacun aurait sa chambre, dans un jardin avec des chats ou pourquoi pas un chien, dans une maison pouvant abriter les envies et les désirs de chacun, faire sa déco, faire de la musique, inviter les copains sans aucun problème, installer une cabane...

Voilà, ce début Août voit la fin de cette attente et ouvre une nouvelle phase où nous habitons dans une maison, avec un jardin, une chatte et même des chatons à naître... où chacun aura sa chambre et tout et tout.. mais voilà, nous ne sommes plus que trois.

Ce moment tant espéré, tant attendu arrive, et misère, nous n'avons aucun enthousiasme. Aucune joie. Aucune énergie. Énorme gâchis.

Maintenant nous allons nous lancer dans ce qui aurait dû être un moment de pur bonheur mais qui, comme à peu près tout le reste, a perdu toute sa saveur.

Comment s’accommoder de cette pièce désormais « libre » ? Comment faire avec cette quatrième chaise autour de la table ? Comment la grande sœur va réellement pouvoir être contente d'avoir sa chambre à elle toute seule ?

Alors bien sûr, d'un autre côté on peut essayer de se concentrer sur toutes les choses qu'on a faire dans la maison pour l'accommoder à notre goût, reconfigurer l'agencement pour une famille de 3, se motiver en se disant que cela va nous faire penser à autre chose, essayer d'avaler le terrible goût de gâchis et faire du mieux que l'on puisse, en tirer le meilleur. En sa mémoire.

Exercice délicat, agencer une maison pour trois, prévue pour quatre, garder la mémoire de celui qui nous manquera à jamais sans sanctuariser ou sacraliser, réserver une place dans notre foyer à notre petit, comme il aura toujours sa place dans nos cœurs meurtris. Exercice délicat et à vrai dire je ne sais pas par quel bout prendre ça.

Une fois de plus, si près du drame, difficile de distinguer au travers du brouillard qui s'est abattu sur nous. Saurons nous nous accrocher à ce projet, en faire une catharsis ou serons nous écrasés par les regrets, la nostalgie et la dépression ?

Comments

[Pika]

Et pourquoi ne pas faire en sorte que la grande sœur soit heureuse d'avoir sa chambre a elle toute seule ? Cela ne suggère pas du tout d'oublier a qui elle aurait dût appartenir...
Il n'est jamais trop tard :) un peu de joie:))