rentrée

3 Septembre 2013 , Rédigé par JP Publié dans #interrogations

3 Septembre

Les jours passent. Je commence à compter en mois depuis la mort du petit.

L'été et le temps des congés sont passés. La rentrée des classes, les premières gouttes de pluie, les premières froides bouffées de mistral nous disent qu'il est l'heure de reprendre le rythme de l'année scolaire. Jusqu'ici le côté vacances, le rythme estival combiné au brutal choc du décès et aux différents changements à la maison faisait que nous étions dans une situation sortant de l'ordinaire, atypique, avec aucun point de comparaison valable. L'absence et le manque étaient pourtant déjà bien sensibles.

Le retour à ce quotidien, à ce fonctionnement tout à fait similaire à ce qu'il était avant la mort de Nathan a pour effet de mettre encore plus en évidence le fait que nous ne sommes plus que trois. Les rituels de la vie de tous les jours, les habitudes de la vie commune en famille, les petits moments partagés qui semblaient si simples, tous ces éléments ne font qu'accentuer en creux l'absence et les regrets. Aucun été ne ressemblait vraiment à un autre, selon les conditions ou ce que l'on décidait de faire, alors qu'une rentrée et une période scolaire ça a toujours les mêmes odeurs, les mêmes sensations, les mêmes rituels. Et là, au jeu des 7 erreurs, ça fait vraiment mal.

Face à ça, que faire? A part pleurer, bien sûr. Réinstaller de nouveaux rythmes, prendre d'autres habitudes, continuer à partager de petits moments, profiter davantage les uns des autres, se resserrer entre nous. Il est difficile d'organiser une certaine normalité autour d'une telle énorme anormalité. Alors peut-être trouver le moyen d'associer Nathan à ce quotidien, lui aménager aussi une place dans cette nouvelle vie, dans la reconfiguration de la maison qui s'annonce. Pour le moment ce ne sont que des mots, ça semble hors de portée, tant c'est douloureux. Comment faire, quelle décisions prendre? Mettre une bougie ou pas en face de cette chaise vide, lancer ou pas des quizz impromptus , abandonner ou pas certains running gags et autre private jokes qui nous faisaient tant rire. Cacher pour oublier ou exposer pour honorer. Equilibre subtil à tenir, bien trop subtil pour nous en ces instants. Nous n'avions pas pour habitude d'afficher beaucoup de photos de nous aux murs, laissant plutôt ces photos dans le cadre numérique, et 2-3 cadres avec les photos prises à l'école en début d'année. Peut-être installerons nous davantage de photos à travers la maison, reflet de la capacité qu'avait notre fils d'occuper tout l'espace, que ce soit physiquement par sa présence, sonore, par ses rires et ses bavardages et émotionnellement, par sa gentillesse et son esprit vif.

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